Shimo-Kitazawa ou le Tôkyô paisible

Publié le par Adri

Tôkyô (東京) est une ville bruyante, assourdissante, enivrante même.  Depuis plus de dix jours, j'ai donc retrouvé cet environnement urbain immense et complexe. Diversifiée, Tôkyô l'est a priori plutôt en périphérie urbaine, aux frontières des préfectures voisines où je réside actuellement. Aller à Tôkyô, c'est un peu comme en France, quand on "monte en ville ou à la capitale". C'est rejoindre ces méandres particuliers, ces lignes de trains interminables où s'agglutinent les passagers sans jamais se toucher, comme si, comme je lisais dernièrement ça ou là, "un film transparent séparait les gens entre eux où, collés, personne ne semble se toucher". L'été ne change rien, Tôkyô est toujours aussi peuplée et les premiers représentants occidentaux du tourisme estival gonflent un peu plus encore les trottoirs, quais de gare ou autres échoppes. Tôkyô, c'est toujours ce sentiment fulgurant, impressionnant qui prédomine en moi. Tout est gigantesque, tout est illuminé mais tout est si propre et bien ordonné. A première vue, la capitale de l'est ressemble à cette fourmilière qui grouille encore et toujours. Le témoin caractéristique de cette situation constitue bel et bien le quartier de Shibuya, dans l'ouest du "centre-ville" ceint par la Yamanote line, cette ligne de train longue de plus de trente-cinq kilomètres, desservant pas moins de vingt-neuf stations et transportant en moyenne 3.55 millions de passagers par jour, soit environ 1.3 milliards de personnes par an. Shibuya, l'un des quartiers les plus célèbres de Tôkyô est évidemment une station desservie par la Yamanote. Je vous avais déjà parlé de Shibuya au début de mon séjour japonais mais je souhaite ici partager ces deux nouvelles photos du Carrefour Hachikô, le nom du fameux petit chien. Ces clichés montrent à merveille le flot de personnes et la rigueur japonaise. Elles illustrent, pour informations, le quartier à une minute d'intervalle :














La foule qui envahit la rue est impressionnante, et cela tout au long de la journée, excepté peut-être entre quatre heures et six heures du matin. Cette affluence est l'une des images de Tôkyô et le faste des lumières, des écrans géants et du commerce (on aperçoit au fond la tour 109, temple du shopping pour les jeunes tokyoïtes) caractérise cette capitale dans bien des manuels et lieux communs à propos de la ville. Naturellement, comme dans toutes les grandes villes du monde, Tôkyô se cache aussi et la découverte des lieux discrets et secrets, loin des itinéraires touristiques, constitue un certain bonheur pour les résidents. L'un des endroits les plus tranquilles et agréables de Tôkyô se trouve, à cinq minutes de la folie de Shibuya. Pour s'y rendre, on emprunte la ligne de train Keiô Inokashira, non sans avoir omis de déguster une gaufre locale, saupoudrée de シナモン (shinamon), la cannelle. Shimo-Kitazawa. Ici, les voitures sont quasiment bannies, les rues trop petites pour autoriser leur passage. On se déplace en vélo, on flâne à la terrasse des cafés et la plupart des touristes, parce qu'il y en a, adoptent une attitude sereine ici.














Une des particularités des lieux consiste dans le fait qu'il n'y ait aucun building. Les immeubles n'excèdent pas trois ou quatre étages et évincent, de fait, l'omniprésence des salarymen, ces hommes d'affaires aux costumes noirs, chemises blanches et cravates. L'absence de ces derniers offre au quartier une atmosphère de vacances et de détente très appréciable. Nous nous sommes rendus ici avec Charlotte les trois derniers dimanches. Le quartier est simple ; Il tourne en boucle autour de la gare, ancienne et vétuste, dans un dédale de ruelles où se perdre est très agréable. La vétusté de la gare conduit actuellement les autorités à développer un nouveau quartier auquel s'opposent habitants et associations, dans l'espoir de conserver le charme des lieux. Car ici, les petits commerces et les animations de rues jouxtent des habitations résidentielles, maisons individuelles rares au Japon.














Shimo-Kitazawa est surprenant mais jamais terne. C'est un quartier très animé. Pas de la même façon que Shibuya, Akihabara ou Shinjuku, mais très intéressant. C'est un contexte de transition inattendue, là où l'agitation anime Tôkyô, le calme et les choses simples donnent vie à Shimo-Kita. Le passage du tissu urbain à ce que l'on pourrait nommer la vie provinciale est très agréable. Là où les Starbucks Coffee, ces cafés américains que j'ai beaucoup fréquentés au Japon, sont bondés, ennuyeux et chers dans le centre-ville, Shimo-Kitazawa dispose certainement du Starbucks Coffee le plus agréable du pays. Bercés de jazz et de parfums caramel, attablés le long de la rue, on contemple ces passants qui défilent dans d'invraisemblables numéros de fantaisie japonaise, de fraîcheur, de laisser-aller soigné qui tordent le cou aux idéaux occidentaux sur les travailleurs japonais et leur comportement soit-disant tristes et laborieux. Ici, on prend le temps de se rendre au théâtre ou au cinéma d'art et d'essai, de siroter un café débordant de saveurs et autres ingrédients que je ne souhaite pas connaître, de taper du pied et des mains devant le groupe musical qui occupe un bout de la rue dans des shows souvent amusants mais de qualité...














Un dimanche ici en somme. Après un petit détour par une épicerie fine où tout est bon, nous repartons vers l'ouest de Tôkyô en se demandant déjà où nous déambulerons la semaine prochaine. A coup sûr, nous reviendrons ici...

Publié dans Tôkyô et environs

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article