Les jardins de l'Empereur...

Publié le par Adri

Loin de la foule tokyoïte, le palais impérial occupe une place centrale mais isolée dans la capitale nippone. Véritablement cloisonné, il n'est possible de s'y rendre qu'au moment des célébrations du nouvel an et de l'anniversaire de l'Empereur (le 23 décembre) où ce dernier s'adresse au peuple et présente ses vœux au pays tout entier. Akihito, Empereur du Japon depuis 1989, est un personnage très symbolique. Fils de Hirohito, l'Empereur Showa de la Seconde Guerre mondiale et de toutes les contestations qui en ont découlée, il s'est considérablement effacé et a prôné davantage encore l'ouverture aux pays occidentaux et asiatiques, parfois perçus depuis le Japon comme les parents pauvres de la région. Depuis 1946 et la rédaction de la constitution, en accord avec l'armée d'occupation américaine, l'Empereur ne peut plus revendiquer le caractère sacré de son pouvoir. La souveraineté est revenue officiellement au peuple japonais. C'est pourquoi, le Japon est une monarchie constitutionnelle bicamérale, système qui fait penser à la monarchie parlementaire britannique. Le pouvoir exécutif au Japon est détenu par le cabinet composé du Premier Ministre et de ministres d'Etat. Le Premier Ministre est responsable devant le parlement, nommé la diète (国会, Kokkai en Japonais). L'Empereur n'est donc qu'un symbole de l'Etat. Adolphe Thiers disait en 1830, alors qu'il s'éloignait intellectuellement de la gouvernance de Louis-Philippe d'Orléans, que "le roi n'administre pas, ne gouverne pas, il règne". C'est l'exacte définition d'une monarchie constitutionnelle ayant comme chef d'Etat un monarque ou comme au Japon, un empereur.

Ci-dessus, voici la vue des douves et des fortifications qui encerclent l'enceinte impériale. On distingue au loin la Tour de Tôkyô. Faute d'être allé apercevoir ces douves le 2 janvier, nous nous sommes tout de même rendus dans ce quartier particulier avec les parents. Seuls les jardins orientaux du Palais sont ouverts au public mais à certaines conditions : la dernière admission a lieu à 15 heures 30 et le nombre de personnes est limité. Les lieux sont très agréables. Un grand nombre d'espèces florales et végétales sont conservées dans ce lieu très symbolique car construit sur l'emplacement du château-fort qui était la résidence des Shoguns durant l'ère Edo. Il ne reste ici que quelques ruines, notamment d'une tour défensive et les douves qui encerclent le Palais.

L'intérêt de Higashi Gyoên, nom officiel de ce jardin impérial, réside dans le caractère étrange selon moi de tour d'ivoire, coupée du reste du monde, mais avec en toile de fond les buildings du quartier d'affaires de Tôkyô-eki, la gare principale de Tokyo.
















Un grand nombre de photos de la famille impériale et de toute la descendance est exposé dans des baraques où films à la gloire de l'empereur et souvenirs vieillissants sont diffusés. Il est assez marrant de prendre sa petite photo devant un parterre de fleurs, là-même où sa majesté l'Impératrice Michiko, épouse de Akihito, a posé pour le cliché illustrant les mois de mars ou avril du calendrier en vente à l'entrée du parc.















Outre les innombrables cerisiers en fleurs, les bambous, roses et autres plantations symboliques, j'ai particulièrement apprécié l'espace consacré à la célébration des 47 préfectures que compte le Japon. De Hokkaidô à Okinawa, chacune des préfectures est représentée par son nom, sa capitale et un arbre qui la caractérise. L'aspect géographique et la recherche des préfectures connues étaient assez intéressants.

Ce jardin est magnifique de beauté et comme souvent au Japon, de simplicité. Le bassin qui suit en est l'exemple, entouré d'iris et de plantations de thé, il offre un véritable havre de paix.















A 17 heures, l'endroit retrouve sa solitude quand les quelques badauds quittent les lieux. Dehors, les salarymen s'activent et rejoignent la gare principale, les voyageurs de tous bords débarquent dans la capitale et on imagine alors que, flânant au détour d'une rangée de cyprès, les protagonistes de la famille impériale reprennent possession des jardins, dont je ferais bien, je l'avoue, mon terrain de footing particulier !

Publié dans Tôkyô et environs

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