Port et quartier chinois à Yokohama

Publié le par Adri

Deuxième métropole du Japon avec près de 3.6 millions d’habitants, Yokohama est une ville marquée par l’immigration et nourrie par la présence étrangère. Jusqu’en 1853-1854, elle était oubliée de l’histoire. Petit port de pêche dans la partie occidentale de la baie de Tôkyô, la ville comptait 600 habitants environ. Son destin a basculé avec l’arrivée sur les côtes japonaises du Commodore Matthew Perry, envoyé par les États-Unis d’Amérique pour persuader le Japon, totalement fermé, de s’ouvrir au commerce extérieur. Suite au succès de la flotte « des bateaux noirs », la petite bourgade vivant de la pêche fut désignée port international en 1858 et la ville fut assaillie d’étrangers. Les autorités japonaises, réticentes et craintives, leur attribuèrent un quartier entouré de douves appelé Kannaï, signifiant à l’intérieur des barrières. Toutefois, les occidentaux s’établirent rapidement dans différents quartiers de la ville. La cité a ainsi été le cadre d’un grand nombre d’innovations et de nouveautés apparues sur le sol nippon. On peut citer l’arrivée au Japon du journal, des lampadaires publics alimentés par le gaz, ainsi que du chemin de fer, la ligne reliant Yokohama à la gare de Shimbashi à Tôkyô étant la première voie ferrée japonaise.

La principale communauté étrangère présente à Yokohama est originaire de Chine. Ville ouverte mais formée sous le modèle japonais, Yokohama se partage en différents quartiers variés. L’un des plus fameux est Chinatown.

Véritable centre culturel, le quartier chinois est entouré de dix portes, dont l’une est visible ci-dessus, à gauche. Boutiques, devantures, restaurants chinois et spécialités culinaires et culturelles rivalisent d’imaginations et de couleurs pour attirer les badauds. Ce quartier est très populaire et très visité par les touristes étrangers et les tokyoïtes qui viennent profiter du dépaysement proposé à moins de trente minutes de Shibuya, l’un des centres de la capitale du pays. Le Chinatown de Yokohama est certainement le plus célèbre du pays. Les sons, les couleurs, les parfums et le cadre ne seraient pas sans rappeler l’atmosphère particulière de Hong-Kong, située à quatre heures d’avion de Tôkyô.

Le centre du quartier est le temple Kantei-Byô, dédié à Kanwu, le dieu du commerce. Voici deux clichés de ce temple qui est dédié au dieu adéquat car il jouxte les nombreuses allées commerçantes et marchandes.

 Après avoir emmagasiné saveurs et cultures chinoises, nous nous sommes dirigés vers le nouveau port de Yokohama, Minato Mirai, ce qui signifie « le port du futur ». Ce port est chargé d’histoire et témoigne de la capacité d’adaptation et de rebond de la société japonaise. Le port s’articule autour d’une vingtaine d’îles artificielles, créées à partir d’anciens docks avec les décombres du grand tremblement de terre du Kantô de 1923 qui détruisit la majeure partie de la ville. En outre, Yokohama a payé un lourd tribut durant la Seconde Guerre mondiale. Entièrement bombardée puis occupée un temps par les forces américaines, la ville a su trouver les ressources nécessaires en s'appuyant sur ces événements pour devenir l'un des ports les plus importants du monde.
L'emblème de ce port est le paquebot Hikawa Maru. Navire transpacifique construit dans les années 1930, il effectuait la liaison entre Yokohama et Seattle aux États-Unis d'Amérique. Comportant de nombreuses cabines luxueuses, il a été emprunté par des personnalités de premier plan, notamment Charlie Chaplin. Lors de la Seconde Guerre mondiale, il a été réquisitionné par les forces nippones et réaffecté en tant que navire médical, poste de secours avancé, en particulier lors de la Bataille de Midway en juin 1942, où l'aviation américaine causa la perte de quatre porte-avions japonais. Plus tard, au crépuscule de la guerre, le paquebot servit pour rapatrier les prisonniers de guerre captifs des États-Unis. Puis il reprit ses liaisons avec Seattle. Véritable mémoire vivante, il fut décidé de l'ancrer définitivement à Yokohama en 1953 pour célébrer le centenaire du port et en faire un lieu de mémoire car il se visite.














Plus loin, le port est animé par la forte chaleur de ce dimanche de juillet. Sur les espaces artificiels, la marine japonaise organise des visites-découvertes de ses bâtiments. Après avoir évoqué un pan d'histoire ci-dessus, un élément m'interpelle... Sur la première photo à gauche ci-dessous se trouve l'étendard nippon, le soleil levant rouge vif habituel mais les seize rayons qui l'accompagnent ne sont, à ma mémoire, non usités car ce drapeau adopté en 1889 et utilisé par les forces impériales a été interdit en 1945 par le traité de San-Francisco après la capitulation japonaise. Quelques recherches m'ont appris que le 30 juin 1954, les forces navales, uniquement, ont acquis le droit de le hisser sur les bateaux militaires. Sur ces photos, l'étendard en question puis quelques clichés de la réalité du port de Yokohama :






























Le big-band de la Marine japonaise exécute quelques standards pour divertir les badauds. Au loin, la Landmark Tower (visible au fond sur la photo en bas à droite), édifice le plus haut du Japon avec son ascenseur qui gravit les soixante-dix étages à la vitesse record de 45 km/h tutoie les nuages constellés de chaleur. Nous rentrons à Tôkyô. Le long de la rivière Sumida, le plus grand feu d'artifice du Japon va être tiré. Quelques 21.500 coups propulsés dans le ciel de la capitale en une heure et demie ont illuminé notre soirée. Pourtant, l'organisation policière japonaise qui  diffusait les millions de spectateurs dans le métro, sans encombre et à grande vitesse, a été de loin l'élément le plus impressionnant. Dans deux jours, cap sur Hokkaïdo, l'île principale la plus au nord... Encore un autre Japon, mais toujours aussi merveilleux...

Publié dans Tôkyô et environs

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