Hokkaïdô, les marais de Kushiro

Publié le par Adri

Voici le clap de fin de notre périple à Hokkaïdô. Cap au sud, d'abord en direction de Kushiro, ville bordant l'océan Pacifique qui constitue notre dernière étape avant le retour à Sapporo pour ensuite filer par les airs vers Tôkyô. Kushiro (釧路) n'est située qu'à une petite centaine de kilomètres du parc national d'Akan. Nous rejoignons donc sans problème cette petite ville portuaire à l'aspect bien peu sympathique au premier abord. La périphérie de la ville est saturée d'usines en tous genres dégageant des fumées suspectes qui n'ont ici rien à voir avec les fumerolles dont nous parlions précédemment. Le GPS de la Toyota n'indiquant notre hôtel qu'à deux petits kilomètres seulement de ce capharnaüm industriel, nous demeurons très inquiets.

L'intérêt de la cité, peuplée de 185.000 habitants environ, est faible à l'exception de son activité économique importante due à l'activité florissante de son port industriel et de sa proximité avec le parc national de Kushiro Shitsugen. Ce dernier, créé en 1987 sur une surface de près de 300 km², est le paradis des botanistes et des zoologistes. Les marais qui couvrent la surface du parc l'ont rendu fort célèbre. D'abord, il a permis à Kushiro d'accueillir les expert mondiaux des zones humides réunis en conférence pour rédiger la "Déclaration de Kushiro", définissant précisément les caractéristiques et les enjeux d'une zone humide. Cet attrait international est dû à la présence dans ces marais de la grue du Japon, l'un des oiseaux les plus gros au monde. Cette espèce, extrêmement rare, avait été déclarée éteinte au début du XXème siècle, bien que protégée sous l'ère Meiji, mais victime de la chasse et du développement économique. Cependant, en 1924, quelques individus de grues du Japon ont été découverts à Kushiro et une frénésie a atteint les zoologistes pour mettre en oeuvre toutes sortes de mesures de protection de ces miraculés. Parmi ces mesures, on retrouve plusieurs classifications par des labels environnementaux mondialement connus, la création d'associations de protection qui expliquent leurs travaux aux touristes et amateurs, l'aménagement depuis 1958 de réserves destinées à soigner, étudier et nourrir les animaux en difficulté et enfin l'installation de vingt-quatre postes de nourrissages viabilisés par des bénévoles.
Voici, ci-dessous, un panorama des marais du parc national de Kushiro, depuis l'un des nombreux observatoires. Vous vous doutez bien qu'alors que nous étions venu nourrir à la béquée les grues (cqfd), nous n'avons pas croisé la moindre plume.

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Ces marais s'étendent jusqu'aux contreforts du parc national d'Akan. L'anecdote de la proximité de ces deux parcs réside dans le fait qu'Akan est le plus ancien parc national japonais alors que celui de Kushiro Shitsugen est le vingt-huitième et dernier en date.
Après avoir parcouru des chemins cahoteux, nous regagnons la ville de Kushiro vers dix-sept heures. Enfin, nous repartons vers Sapporo en début de soirée. Nous longerons la côte Pacifique, ses panneaux inquiétants indiquant des risques permanents de tsunami, ses nappes de brouillards aussi épaisses qu'imprévisibles, puis, suite au passage d'Obihiro (帯広), nous franchirons le col d'Hidaka (日高峠) situé à 495 mètres d'altitude dans une ambiance surréaliste : la nuit conjuguée au brouillard, le manque de reprise dans les montées de la boîte automatique de notre Toyota Corolla, poussée par des trucks hallucinants, chargés de bois et caricaturant avec horreur les plus belles scènes de Duel, ce thriller imaginé par Steven Spielberg où un représentant de commerce au volant d'une Plymouth est traqué jusqu'à la mort par un camion qui incarne une bête sauvage perverse. Nous finirons par nous arrêter dans un sous-bois et laisser passer ces buveurs de kilomètres dans un bruit bestial. Plus tard, nous aurons la bonne idée de nous arrêter acheter un onigiri et une bouteille de Coca-Cola dans un conbini. Belle aubaine, nous retrouverons la voiture que nous suivions jusque là quelques kilomètres plus loin, accidentée, percutée par un véhicule venant en sens inverse. Définitivement, onigiri, je vous aime ! Enfin, nous arriverons à Sapporo peu avant minuit, exténués. Nous nous envolerons dès le lendemain midi pour Tôkyô par un vol régulier de la compagnie low-cost Skymark Airlines où les turbulences furent nombreuses. Fin de la parenthèse, verte et merveilleuse, Hokkaïdô, l'île du nord. Retour dans la chaleur crasse et humide de Tôkyô.

Publié dans Hokkaïdô

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