Hokkaïdô, du lac Kussharo aux dernières fumerolles

Publié le par Adri

Le lac Akan révèle ainsi des merveilles naturelles rares. Cependant, la région du sud-est d'Hokkaïdô est particulièrement fournie en richesses lacustres. Les lacs Kussharo (屈斜路湖) et Mashu (摩周湖) sont les deux autres lieux à visiter. Ils complètent ce trio exceptionnel de lacs, dans un périmètre de moins de cinquante kilomètres, qui forme ainsi le parc national d'Akan. J'aurais pu vous décrire les deux derniers ici et nommer ainsi peut-être cet article "de lacs en lacs" mais la merveille que représente le lac Mashu et les sentiments qui nous ont animés sur ses côtes m'interdisent de ne pas lui consacrer un article à part entière.
Le lac Kussharo (屈斜路湖) est particulièrement connu car il est le plus grand lac de cratère du Japon. D'une surface totale proche de 80 km², sa profondeur atteint en un point 117 mètres. La caldeira qu'il occupe mesure 18 kilomètres de diamètres. La particularité de ce lac réside dans cette grandeur, par son île centrale ressemblant au donut du lac Tôya, par lequel nous avons commencé notre périple du nord, ainsi que par ses eaux qui gèlent l'hiver. Quasiment entièrement recouvert par les glaces les mois les plus froids de l'année, les craquements de celles-ci feraient entendre comme une musique qui attire un grand nombre de visiteurs n'hésitant pas à braver les températures négatives qui y sévissent une partie de l'année. Je vous propose, ci-dessous, deux clichés du lac,  pris encore dans la brume lors de notre arrivée :

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Le lac Kussharo est un cadre décidément bien bruyant puisque les bruits qui s'en dégagent nous ont quelque peu effrayés à notre arrivée. J'ignore quels sont les sons qui se dégagent des craquements de la glace mais le bruit estival qui est venu bourdonner nos tympans était clairement celui d'une voix de basse, du son d'un saxophone baryton saturant excessivement la vibration de l'anche. La terre est vivante, active et Hokkaïdô nous l'a infiniment prouvé au cours de ce voyage. Preuve de cette activité tellurique incroyable, des bains naturels ou aménagés sont dispersés partout autour du lac. L'activité originale des lieux se constitue par le fait de creuser soi-même sa baignoire en empoignant pelle et pioche et se convertir un bout de sable en bain délicieux. Le littoral du lac est perclus de sources chaudes, de dégagements gazeux, de fumées et fumerolles, d'embruns aux senteurs sulfureuses. Les vertus de ce bain autant constitué de sable que d'eau sulfureuse seraient remarquables. Voici des fumerolles et un exemple de bain à se confectionner ; remarquez la présence de la pelle plantée dans le sable !
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Nous avons réalisé la ballade de l'île centrale qui est en réalité une presqu'île. C'est ici que se concentrent la majorité des onsen aménagés, parfois avec plus ou moins de réussite et d'esthétisme. Toutefois, leur chaleur est vraiment importante. De plus, notre programme est relativement chargé. Nous ne nous baignerons pas. Nous préférons nous diriger vers le coeur de la presqu'île, là même où le souffle roque de la terre se fait le plus menaçant. Plus nous avançons, plus l'île refuse notre incursion, semblant prête à déverser sa colère sur notre promenade osée. Sans mentir, nous nous tenons prêts à déguerpir, à chausser les bottes de sept lieues au moindre signe, au moindre demi-ton supérieur. Nous pressons le pas à l'affût de tout. Nous arrivons alors à l'extrémité de la presqu'île. Le bruit glaçant est à son paroxysme. Très vite, nous comprenons l'origine de ce chant qui, son choeur connu, devient ainsi plus doux. Un échappement de gaz sulfureux s'effectue à l'orée de la surface du clapissement des vagues. La conjonction des deux, mêlée au reflux d'eau imprudente rejetée aussitôt, crée ce chahut hallucinant.
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Nous nous éloignons et laissons là cette harmonie dissonante, il y aurait ici de l'eau dans le gaz... La ballade conclut la boucle de la presqu'île et nous ramène à une échoppe où toutes sortes de boissons, des peluches en forme d'ours bruns, des melons, des légumes aux morphologies étonnantes sont en vente. Hokkaïdô devient familier de jours en jours. Nous repartons, au volant de notre Toyota Corolla qui tient parfaitement son rôle. Nous allons tout de même la tester à nouveau puisque notre chemin empruntera rapidement des routes plus escarpées, nous grimpons en altitude.
Nous croisons alors la route du Iô-san. Le mot Iô, planté là, au milieu de rien, point de symétrie centrale entre les deux lacs. Il constitue l'occasion pour nous de sentir une dernière fois à Hokkaïdô l'odeur âcre, désagréable mais à laquelle on s'attache inévitablement, l'odeur de l'oeuf pourri des vapeurs de soufre. Sa forme est quelque peu similaire à celle du Showa Shinzan. La particularité des lieux concerne ses soufrières, qui sont accessibles à tous sans crier gare au danger. Des enfants manquent de se brûler en approchant leurs mains des sortes de plaques d'égout d'où s'échappe la fumée. Voici quelques photos des lieux :
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Comme le montre clairement le cliché de gauche, le danger est permanent. Seul un panneau explique aux visiteurs qu'il faut se garder de rester plus de quinze minutes sur place. Nous ne nous attardons pas plus de trois minutes, déjà incommodés par les vapeurs. Dans la bicoque qui accueille les touristes, comme il en existe des centaines au Japon, nous trouvons quelques quartiers de melon, juteux, délicieux et sucrés comme toujours.

Nous voilà prêts à emprunter la route qui nous mènera vers le lac Mashu. Quelque peu stressés par la brume persistante, en route pour le clou du spectacle.

Publié dans Hokkaïdô

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A
<br /> Adri, encore un article très intéressant...la promenade sans bouger est toujours très prenante...combien te reste-t-il d'articles à publier ? il faudrait tout éditer....<br /> <br /> <br />
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