Hokkaïdô, de Sapporo à Asahikawa

Publié le par Adri

Tellement de jours, tellement d'heures ont passé depuis mon retour en France... Tellement de temps que je voulais consacrer, un article au moins, à l'île du nord, Hokkaïdo (北海道). Tellement de richesses, de beautés et de nature sont présentes en ces lieux lointains, à l'extrémité nord de l'archipel nippon, que je ne pouvais les laisser sous silence. Ces paysages, plus beaux les uns que les autres, m'ont conforté dans l'idée de rédiger encore quelques paragraphes concernant mon année au Japon.
Je vous parlerai donc d'Hokkaïdo en plusieurs articles pour ne pas être trop succint et surtout concilier la rédaction de ces notes avec mes activités quotidiennes estudiantines.
Nous avons donc débarqué à Sapporo, capitale de l'île, par un vol régulier de Skymark Airlines, depuis Haneda. A la fin du mois de juillet, la fréquentation de Hokkaïdo est maximale. Les japonais fuient les températures excessives et l'humidité des cités du sud et de Honshu. Il est certain que, provenant de Tôkyô, nous avons eu l'impression de respirer correctement pour la première fois depuis de nombreuses semaines. Les températures sont moins élevées et le taux d'humidité est très faible comparativement aux autres contrées japonaises. Ainsi, l'affluence de l'aéroport international New-Chitose était quelque peu surchargée. Il faut savoir qu'il s'agit de la ligne commerciale la plus fréquentée au Japon et que ANA et JAL n'hésitent pas à effectuer les liaisons depuis Tôkyô avec des Boeing-747, le deuxième avion de ligne le plus grand au monde après l'A380 !
Très vite, nous empruntons un train Rapide pour rejoindre la côte de la mer du Japon où nous attend un ami de mes parents, en voyage extrême-oriental. Otaru est le nom de la ville de pêcheurs, adulée dans l'ensemble des guides touristiques, du Lonely Planet aux Guide Bleus. Dotée d'un charme certain, notamment d'une rue commerçante sympathique où souffleurs de verre, maîtres brasseurs et pâtissiers essaient d'attirer les passants, la ville, baignée dans un brouillard et un crachin glaçant, se révèle rapidement décevante. Le canal d'Otaru, pratiquement décrit dans les guides comme l'équivalent romantique du Canal du Midi, ne présente qu'un intérêt limité, embelli par les peintures des artistes locaux. Voici une petite vue, sous la pluie, de ce canal bordé par des entrepôts rappelant la glorieuse époque marchande d'Otaru, port de commerce et ville nourricière en poissons de Sapporo toute proche.

Nous repartons alors vers la capitale régionale, sans omettre de remarquer les inscriptions en russe sur les devantures des boutiques. Celles-ci nous rappellent que, si la Sibérie et encore moins les îles Sakhaline ne sont pas très éloignées, l'économie locale est davantage tournée vers les échanges commerciaux avec le voisin russe qu'avec le Japon central.

Sapporo (札幌), cinquième ville du Japon avec une population d'environ 1.9 million d'habitants, est célèbre pour deux motifs majeurs : elle a accueilli les Jeux Olympiques d'hiver en 1972 et le nom de la ville est associé à celui éponyme d'une très grande marque de bière japonaise et internationale. La ville dispose donc d'un Beer Garden agrémenté des brasseries estampillées du logo jaune et bleu "Sapporo" abritant un musée où se déguste la "Sapporo classic", seule bière de la marque qui n'est pas exportée plus loin que l'île d'Hokkaïdo. Peu de monuments retiennent l'attention à Sapporo hormis la tour de l'horloge ainsi que les tours de télévision et JR. La photographie ci-contre témoigne d'une vue du parvis de la gare centrale, très moderne et accolée à la tour JR dont on reconnaît la base sur la droite.
La dynamique culturelle de la ville s'articule autour du quartier Odori, jeune et animé le soir, où se situe également le parc qui accueille une compétition internationale de sculptures sur neige et glace l'hiver, grâce aux températures extrêmement basses des premiers mois de l'année.
Ce parc est associé à l'histoire contemporaine de Sapporo dont l'espace géographique était occupé avant la création de la ville par des campements Aïnous, population aborigène originaire des territoires d'Hokkaïdo et de l'est de la Russie. Ces derniers sont en quelque sorte au Japon ce que sont les indiens du continent nord-américain, un peuple longtemps brimé, persécuté et dont les autorités ont tenté d'annihiler les rites et les coutumes. J'en reparlerai plus loin. Les premiers colons, fondateurs de la ville moderne, ont jeté les bases de la ville moderne à la fin de la période Edo et peu après, l'empereur Meiji décida dès 1868 d'en faire la nouvelle capitale régionale, plus centrale que la précédente, Hakodate.
La cité s'est alors développée autour de ce parc et son expansion a alors été très rapide puisqu'elle dépassait le million d'habitants à peine un siècle après.

Sapporo a donc été l'étape de base de notre périple à Hokkaïdo où il est réputé difficile de se déplacer en transports en commun. Nous avions décidé, et je l'avais réservée à l'avance, de louer un véhicule pour dix jours. Les frais de location sont exorbitants au Japon et plus particulièrement à Hokkaïdo puisque la journée est facturée, sans essence, 9.500 yen, ce qui équivaut environ à 70 euros. Par bonheur, la boîte de vitesses automatique, bien que frustrante à manipuler, permet une très basse consommation de carburant. De Sapporo, nous avons donc pris la route de l'ouest vers le lac Tôya, aux environs volcaniques et naturels très intéressants. L'activité tellurique offre une tiédeur permanente aux eaux, les empêchant de geler l'hiver. D'une rondeur bien régulière car occupant une caldeira, le lac est surnommé le "donut" à cause de son île centrale dont je vous propose la forme ci-dessous !

Le temps incertain et brumeux offrait un paysage dantesque qui n'a cessé, par son environnement de nous surprendre. En effet, coincé entre le lac Tôya et le golfe formé par l'océan Pacifique et le détroit de Tsugaru, deux zones volcaniques sont stupéfiantes. La première, appelée Nishiyama, est hallucinante. Les éruptions massives et récentes de 1977 et 2000 de l'Usu-zan tout proche ainsi que des phénomènes volcaniques et telluriques propres au site ont complètement chamboulé les lieux. Les routes sont éventrées, des mares se sont formées, emprisonnant des véhicules dont le toit reste visible, un relief s'est créé d'où s'échappent fumerolles sulfureuses ainsi que de la vapeur d'eau. Les failles tectoniques sont particulièrement visibles, les maisons en contre-bas démolies... La fureur des éléments a dû être immense ici. C'est dans cette ambiance surréaliste et clairement angoissante qu'une promenade a été aménagée. Voici des clichés de Nishiyama, littéralement la montagne de l'ouest :








































A quelques kilomètres de là, un volcan extrêmement jeune a poussé au milieu des champs cultivés sur la terre volcanique fertile. Le Showa Shinzan, né en 1943, au plus fort des combats de la Seconde Guerre mondiale a copieusement intrigué et gêné les autorités japonaises. Ces dernières ont tenté d'éteindre, en vain évidemment, les flammes qui s'en extrayaient et qui pouvaient servir de point de repères aux forces aériennes alliées. Issu d'une série de tremblement de terre ayant duré six mois, une véritable excroissance a abouti à la naissance de ce volcan, dont la hauteur atteint 407 mètres. Au plus fort de sa poussée, la montagne a grandi parfois de plus d'un mètre cinquante par jour ! Voici un panorama de ce volcan, très actif, fumant et évidemment interdit d'accès :

Nous avons alors repris la route vers l'est, en parcourant les sites des onsen les plus connus de l'île et le lac de Shikotsu, structurellement proche du lac Tôya. Après plusieurs heures de route, sur des routes montagneuses, sinueuses et parfois mal fléchées, la cité de Furano, célèbre pour son agriculture, sa plaine céréalière et fertile et située dans le centre de l'île de Hokkaïdo, exhibe ses exploitations agricoles. Parmi les attractions, la ferme Tomita est particulièrement renommée. Une petite odeur de Provence envahit l'atmosphère, des couleurs vives se dégagent derrière des séries de grands cyprès. Nul doute, voici la ferme Tomita qui rivalise de soin et de couleurs pour exposer un paysage original aux contreforts des massifs montagneux du centre de l'île. Roses, lavandes et plants de sauge multicolores forment ces champs éclatant de couleurs.



































Les derniers kilomètres nous séparant de Asahikawa ont été bouclés en peu de temps, les mains parfumées par la lavande fraîchement côtoyée. Une odeur du pays n'était pas désagréable dans ces territoires éloignés de tout, du Japon que nous avons fréquenté toute l'année, mais aussi des paysages français, présentant parfois des similitudes mais toujours différents... Après plus de 400 kilomètres effectués en une journée, Asahikawa constituait notre première étape vers le grand est de Hokkaïdo et ses espaces naturels à couper le souffle...

Publié dans Hokkaïdô

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