La cerise sur le gâteau : Nikkô...

Publié le par Adri

Telle était l'expression de ma mère en quittant cette ville, considérée comme l'une des plus belles du Japon. Nikkô, la fin du voyage des parents et un souvenir magnifique. Je vais donc clôturer, presque deux mois après, le récit des aventures des parents au Japon. Ce blog n'est pas abandonné, loin de là, je me reprends aujourd'hui, dimanche chaud, très humide mais ensoleillé, ce qui est rare en pleine saison des pluies. Mon emploi du temps est très chargé, entre le travail à l'Institut, la rédaction d'un Press Book en vue d'intégrer le master journalisme à Toulouse et la rédaction de mon rapport de stage. Assez de justifications, Nikkô.
Il y a bien longtemps que je voulais me rendre à Nikkô. Située à deux heures au nord-est de Tôkyô, la ville est desservie par les lignes de train JR mais nous choisissons, par défi évidemment, de louer une voiture. Le guide touristique me prédisait l'enfer, c'est l'inverse qui s'est produit, les infrastructures routières étant très bien conçues ici. Le seul bémol concernerait peut-être les panneaux de signalisation un peu rock'n roll à comprendre mais le GPS et mon père en co-pilote nous ont permis de ne pas nous tromper.
Immédiatement, Nikkô offre l'un de ses symboles les plus célèbres. Le pont Shinkyô d'un rouge vif, intégralement laqué de vermillon, enjambe la rivière Daiya. Il est le symbole de la fondation de Nikkô, centre religieux, au VIIème siècle. En effet, en 766, Shôdô Shônin, un célèbre moine bouddhiste, se dirigeait vers le mont Nantaï, situé tout près de Nikkô ; La légende raconte qu'il a pu traverser la rivière Daiya porté par deux serpents majestueux avant de fonder le premier temple de Nikkô. Les deux arches du pont symbolisent les deux serpents.

Le raffinement de ce pont rompt avec le caractère sauvage des environs et de la rivière. Nikkô est véritablement une ville de montagne. Un chemin tout en montée s'engouffre dans une forêt de cèdres immenses. Classés au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1999, les temples de Nikkô, bouddhistes et shintoïstes, sont devenus des centres religieux majeurs au XVIIème siècle lorsque Tokugawa Ieyasu choisit d'en faire son mausolée. Ce dernier était le premier shogun de l'ère Tokugawa qui régna sur le Japon jusqu'en 1868. Nikkô devint alors un lieu incontournable. Les lieux sont sacrés, de même que le pont que seul l'empereur pouvait emprunter à l'époque féodale.
Nous prenons donc le chemin qui mène aux temples. Le premier, le temple Rinno-ji, est le plus ancien de Nikkô. Rinno-ji a été construit en 766 sous l'impulsion de Shôdô Shônin. Ce temple, véritable havre de paix au milieu des montagnes est célèbre pour son jardin japonais de méditation et pour accueillir en son sein trois statues de buddhas recouvertes de feuilles d'or. Sans recul possible car exposés dans une salle très petite, ces trois statues sont écrasantes et imposent une grande force. Malheureusement, les photos n'étaient pas autorisées et je ne peux vous proposer de clichés de ces buddhas.













Sur ces photos, vous pouvez admirer l'extérieur de Rinno-ji. Les cerisiers étaient à peine en fleurs au mois d'avril car la région est montagnarde et le climat est largement reculé par rapport à celui du Kyushu. Proche de Rinno-ji, nous rejoignons le temple le plus célèbre de Nikkô : Tôshôgu-ji. Ce temple est tout simplement magnifique. Complètement baroque si je puis faire un anachronisme, ce temple est surchargé de couleurs plus vives les unes que les autres, les détails sont foisonnants, les sculptures omniprésentes, les symboles abondants. On accède à ce temple en franchissant un torii monumental de 9 mètres de hauteur construit en pierre en 1618.















Ci-dessus, à droite, vous pouvez apercevoir la porte d'entrée du temple. Temple shintoïste, il a été érigé en 1617 en l'honneur de Tokugawa Ieyasu par son fils Tokugawa Hidetada. Il est marqué par une multitude de symboles. Parmi les plus célèbres, les singes de la sagesse. Ces trois singes sont très symboliques : le premier à gauche, nommé Kikazaru, se bouche les oreilles, le second, Iwazaru, se ferme la bouche et enfin le troisième, Mizaru, recouvre ses yeux de ses mains. Cette représentation est une allégorie de la maxime "Ne rien entendre de mal, de rien dire de mal, ne rien voir de mal" qui permettrait de vivre une vie de bien. Gandhi avait repris à son compte cet adage. Leurs noms signifient en réalité "je n'entends pas ce qu'il ne faut pas entendre", "je ne dis pas ce qu'il ne faut pas dire" et "je ne vois pas ce qu'il ne faut pas voir". Ces noms avec la forme verbale négative "zaru" permettent également un jeu de mot avec le terme singe, "saru" () en japonais.

Vint ensuite l'une des plus belles pièces de l'ensemble sacré : la porte Yômeimon, datant de 1636. Cette porte est magnifique. Si fiers du résultat, ses concepteurs, ne souhaitant pas attiser la jalousie des dieux avec cette pièce parfaite, placèrent délibérément le dernier pilier à l'envers. Sur ce dernier; les gravures sont donc inversées par rapport aux autres piliers. Finement décorée de feuilles d'or, cette porte est l'une des plus belles du Japon. Voici ci-dessous quelques clichés montrant quelques uns des détails les plus remarquables :













































Ces détails sont magnifiques et se passent aisément de commentaires. Une fois cette porte franchie, nous voici dans l'espace le plus reculé du sanctuaire. Sur la droite se tient l'entrée de l'accès au mausolée de Tokugawa Ieyasu. Une longue série de marches conduisent à ce lieu perdu dans les hauteurs de Nikkô. Entouré de cèdres majestueux dont le nombre total serait proche de 16.000 unités, le mausolée est impressionnant. Après avoir dépassé un petit torii, le mausolée, voulu par le petit-fils de Tokugawa Ieyasu, Tokugawa Iemitsu, se dévoile peu à peu. Voici ci-dessous, les clichés de ce mausolée et de la forêt qui l'entoure :















En redescendant la centaine de marches, le second élément marquant est le "chat qui dort". Cette sculpture toute petite est classée parmi les trésors nationaux du Japon. Elle est criante de vérité, il semble qu'un petit chat dorme sous nos yeux, prêt à bondir. La symbolique est très forte là encore. En face de cette sculpture se tiennent quelques moineaux qui sont apeurés et soumis au réveil du chat. Toutefois, la cohabitation est possible car le chat est assoupi et serein. Cette image montre la paix possible et la fin du chaos dans le pays.

Nous visitons ensuite le temple principal où les photos ne sont pas autorisées. Actuellement en réfection, les peintures sont restaurées à la main par un travail minutieux qui semble interminable. Nous ressortons alors du temple Tôshôgu et nous dirigeons vers les deux suivants que nous avions prévus. Le sanctuaire Futurasan est l'un des plus vieux des lieux. Construit lui aussi par Shôdô Shônin, il est dédié aux esprits des monts Nantaï-san (le père), Nyohô-san (la mère) et leurs enfants, les monts Omanago et Komanago. Le Shintoïsme est en effet une religion portée en grande partie sur la nature où les esprits habitent des éléments naturels auxquels on peut vouer un culte.















Nous finissons ensuite par le sanctuaire Taiyuin-Byô, du nom posthume donné à Tokugawa Iemitsu, petit-fils de Ieyasu. Richement décoré, ce sanctuaire est magnifique et abrite les cendres de Iemitsu. Voici quelques photos de cette merveille :








































Je ne peux malheureusement pas placer toutes les photographies de Nikkô que nous avons faites. La pluie nous ayant surpris en fin de visite, nous avons rapidement regagné la voiture non sans avoir dégusté préalablement un ramen, plat préféré de Maman, et un riz-curry japonais pour Papa. Nous avons été voir la bâtisse où la famille impériale a passé la Seconde Guerre mondiale. L'empereur d'alors, Hirohitô, venait se ressourcer régulièrement et se protéger à la montagne alors que Tôkyô était bombardée. Son fils et empereur actuel, Akihitô, a passé l'intégralité de la guerre à Nikkô. Il est assez frappant de voir cette demeure, quand on connaît les événements de la guerre, et se dire qu'en ce lieu, l'empereur dirigeait en partie les forces nippones. Nous avons rejoint la capitale sans problème à la tombée de la nuit, empruntant les ponts superposés du périphérique tokyoïte. Déjà demain, nous rejoindrons Narita. Déjà demain, l'aventure avec les parents se termine. Je poursuis, moi, mon aventure encore quelques mois. Déjà le 30 juin, je quitterai Fukuoka pour rejoindre Tôkyô et visiter Kyôtô ainsi que le nord du Japon après avoir écumé le sud. Je ne vais pas encore parler du retour au bercail clermontois... dans la soirée du 13 août... C'est loin encore mais si près à la fois...

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R
Le singe qui ne voit pas...ça me rappelle ce que tu me disais sur les passants qui ne voient pas les malheureux.
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A
<br /> Tu as raison c'est vrai ! Bien vu...<br /> <br /> <br />
P
nous commencions à désespérer de la suite ...qui tardait à paraître....c'est toujours un plaisir de te lire et d'observer la fine juxtaposition des commentaires et des photos.
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