Les onsen de Beppu...

Publié le par Adri

Il y a une semaine tout juste que j'ai décollé définitivement de Fukuoka. Une jolie page se tourne. A présent, me voici à Tôkyô en villégiature japonaise, en conservant tout de même mon visa annuel. C'est donc en simple touriste, comme je n'ai finalement jamais cessé de l'être, que je vais poursuivre la rédaction des pages de ce blog.
Avant de quitter Fukuoka, le mois de juin a été particulièrement chargé et cet emploi du temps explique le certain mutisme qui a entouré les environs de ces articles. Aujourd'hui, ma mission de stagiaire est terminée, mes Press Book et rapport de stage sont terminés et expédiés en France. Je peux donc m'atteler à vous décrire les aventures et les rencontres que je m'efforce de favoriser sans contrainte temporelle. 
Je me suis rendu au cours du mois de juin à Beppu. Beppu est une ville située sur la côte est de l'île du Kyushu, bordée par le Pacifique et non loin de la mer intérieure. Elle est très célèbre au Japon pour ses onsen. Les onsen sont des sources chaudes naturelles d'origine volcaniques. La ville en compte pas moins de trois mille. Cette densité de onsen lui vaut le titre de "ville la plus géothermique du monde" et le surnom de "ville qui fume". En effet, la chaleur des sources provoque des dégagements de vapeur sous forme de fumerolles dans l'intégralité de la cité. Les touristes affluaient en nombre dans cette petite ville thermale où les bains de sable aux vertus curatives sont renommés dans toute l'Asie. Le plus célèbre d'entre eux est le Takegawara Onsen dont je vous propose la façade ci-contre. Après un court bain d'eau chaude, les corps des participants sont ensevelis entièrement dans le sable pendant une demi-heure. Ensuite, les curistes suivent un nouveau bain quelques instants. Ce qui est intéressant dans le principe des bains japonais, c'est que leurs vertus sont autant curatives que relatives à un bien-être absolu. Les touristes quels qu'ils soient peuvent profiter de ces installations. Malheureusement pour la cité portuaire qu'est Beppu, la crise économique et la forte montée du cours du yen japonais ont fait fuir les visiteurs, coréens pour la plupart. La ville conserve ce charme désuet qui la place sous un déclin irrémédiable mais elle abrite un état d'esprit et une âme purement japonais difficiles à définir.

La ville de Beppu est très étendue et elle abrite plusieurs centaines de onsen. La plupart des hôtels et des habitations en disposent et il existe une multitude de bains publics. La plupart sont gérés par des enseignes privées mais il existe des bains sauvages. Ces derniers sont cachés dans la montagne et il est possible de les imaginer, depuis la voie express, quand au détour d'une forêt, la montagne fume...

Nous avons donc, avec Matthieu et Jovana, que je ne remercierai jamais assez de m'avoir fait profiter de la région avec autant de gentillesse, pris la route en direction de Hebi-no-yu onsen, un bain secret caché dans les montagnes qui surplombent Beppu. Après vingt minutes de chemins chaotiques, nous voici là, dans le "bain du serpent", traduction du nom du lieu. Première surprise, le mot sauvage est à considérer au premier degré. Rien, excepté une petite rivière retenue par trois petits bassins de pierres et quatre planches en bois qui  servent de cabane, ne défigure l'endroit. Nous ne sommes pas seuls. Nous sommes entourés de cinq Yakuzas, reconnaissables à leur corps entièrement tatoués de serpents (sic), dragons et autres animaux mythologiques. Les Yakuzas, qui sont les membres de la grande famille de la mafia traditionnelle, sont des personnes assez impressionnantes mais pas du tout agressives. Chacun reste dans son bain sans se soucier spécialement des voisins. La tenue de rigueur est la nudité, ce qui confère au lieu une impression de camp naturiste quasi sectaire assez déroutante vu du chemin surplombant la rivière. Toutefois, quel plaisir de se glisser dans cette eau avoisinant les 40°C et de se hisser ensuite sur les pierres pour profiter de la brise soufflant sur la peau chauffée. Bref, un vrai moment de détente ! Après ce rotenburo, onsen en plein air, j'ai pu profiter d'un bain intérieur dont disposait le minshuku, un hôtel familial bon marché et traditionnel, où j'ai passé la nuit sur un futon.

Beppu est également connue pour son tour des jigoku dans le quartier Kannawa. Jigoku signifie "enfer". C'est une série de sources très chaudes où il est impossible de se baigner. L'eau émerge du sol en gros bouillonnements et offre une couleur assez surprenante.

Ci-dessus, une photo de Umi Jigoku, l'enfer de l'océan, dont l'eau, qui est expulsé à 90°C, est d'une couleur bleue azure presque turquoise magnifique. La source se situerait à plus de 200 mètres de profondeur. L'eau est si chaude que des oeufs y sont plongés pour y être cuits. Ces derniers sont vendus à l'unité sur place. L'air est assez suffocant à cet endroit. Une forte odeur de soufre envahit les lieux et de fines gouttelettes d'eau pulvérisée arrosent les abords du bassin.















Sur le cliché de gauche, la cane à pêche visible au premier plan est en fait une épuisette où sont déposés les oeufs ! L'eau est particulièrement attirante et les environs de cet enfer sont très typiques. Une sorte de micro-climat s'est installée vers les enfers et une végétation luxuriante s'est développée. Chaque parc des enfers, une dizaine, est peuplé d'espèces végétales tropicales très impressionnantes. Beppu a fait de ces endroits des mini-parcs d'attraction où un thème est représenté. Celui que nous avons visité avait donc pour thème la mer, d'autres sont relatifs à l'étang blanc, le dragon, la montagne... Un immense jardin à la végétation luxuriante jouxte le bassin de l'enfer.

Enfin, Beppu est aussi un port très important pour l'île de Kyushu. Des ferries le quittent pour l'île de Honshu et plus précisément la région de Osaka. L'île de Shikoku est également très proche et ne peut être, contrairement à Hokkaïdo reliée par un tunnel et Kyushu par un pont suspendu, rejointe que par la mer sur sa pointe sud, la pointe nord étant reliée à Honshu par un pont suspendu à proximité de Okayama. Le ferry ci-dessous porte le nom de えひめ (ehime), nom d'une préfecture de l'île de Shikoku signifiant la chère jeune fille au Japon.

Le port était très animé et très fréquenté du temps de la forte attraction touristique représentée par la "ville qui fume". Bien qu'elle soit quelque peu délaissée, la cité portuaire est digne d'intérêt. Elle mérite à coup sûr la visite. Beppu, tarie au creux des volcans et baignée par les eaux conjointes du Pacifique et de la Mer Intérieure, incarne l'âme du Kyushu, berceau de la civilisation japonaise, diffusée dans les vapeurs de ses onsen inoubliables.

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L
quel dommage de ne pas avoir vu ces si jolis coins! quand aux bains trop chauds pour moi!!!!le bleu du lac de l'enfer me fait penser à celui du mont aso.....inoubliable!bisous.....MAM
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A
<br /> <br /> 15 jours c'est court, il faut faire des choix ! Dommage qu'il ait été si tard quand nous sommes passés à côté, c'était l'endroit que j'ai tant cherché et qui fumait si tu te souviens bien !!<br /> Le bleu ressemble à celui d'Aso-san, c'est vrai, mais à la différence qu'à Beppu ce n'est pas un lac d'acide ! Le bleu serait en réalité naturel mais pas trop, la couleur est en partie<br /> artificielle selon ce que j'ai compris ! Ce jigoku reste néanmoins superbe ! La prochaine fois j'espère, promis, je vous emmènerai là mais vous viendrez au moins trois semaines !!!<br /> Gros bisous !<br /> <br /> <br /> <br />