Transports quotidiens...

Publié le par Adri

Je l'ai déjà évoqué dans ce blog mais je vais le répéter pour être sûr que je sois bien clair : les transports japonais sont, à mon avis, les meilleurs au monde ! Ils méritaient bien que je leur consacre un article supplémentaire. Ayant déjà décrit le Shinkansen, je ne vais pas m'attarder sur le fleuron japonais du transport en commun de grande vitesse. Son coût exorbitant a fait que je lui ai préféré l'avion depuis mon expérience du mois de novembre dernier. Je vais donc rapidement étayer une petite présentation de l'aviation mais je souhaite vous exposer plus en détail les transports locaux.

Le Japon, qui est un pays très étendu est obligé de maîtriser les flux de ses transports aériens. Par exemple, Sapporo, capitale de l'île de Hokkaido est située à 1800 kilomètres de Fukuoka à vol d'oiseau et à 2300 en suivant le tracé du Shinkansen. Ces nombres expliquent tout et encore, je n'ai pas choisi Naha comme ville témoin, capitale de Okinawa, l'archipel tropical du Japon.
Vous vous souvenez, j'imagine, de mon article consacré à Skymark Airlines lors de mon voyage à Tôkyô à Noël. Ce low-cost particulièrement efficace propose au marché de l'aviation japonaise une rude concurrence. Il se partage le secteur avec les deux grandes compagnies d'état que sont All Nippon Airways (ANA) et Japan AirLines (JAL). ANA est le résultat direct de l'après-guerre en 1953 où il a fallu trouver des solutions pour relancer le marché du transport domestique dans l'archipel. C'est aujourd'hui une des premières compagnies au monde puisqu'elle dessert les plus grands hubs, dont Roissy-Charles-de-Gaulle. La seconde, JAL, est une compagnie nationale qui dessert également tous les continents. Elle jouit de la flotte de Boeing 747, avion le plus performant au monde après l'A380 d'Airbus, la plus grande, ce qui prouve son importance. Les services qu'offrent ces deux compagnies sont remarquables. Mais les tarifs appliqués s'en ressentent puisqu'il faut compter 35.000 Yens pour aller de Fukuoka à Haneda, l'aéroport intérieur de Tôkyô, soit le triple du tarif proposé par Skymark Airlines. Je vous propose deux photos prises à Haneda au mois de janvier, montrant un Boeing 767 de JAL. Ces photos sont semblables à celles qui illustrent un précédent article mais elles me permettent d'introduire le fait que Tôkyô est candidate à l'organisation des Jeux Olympiques de 2016. En regardant bien la carlingue de ce 767, on reconnaît les couleurs de l'Olympisme. Preuve que mon billet n'est pas décousu, Tôkyô était en concurrence avec Fukuoka pour candidater au nom du Japon. Le maire de Fukuoka, défaite, a alors été soupçonné de postuler à cette organisation dans le but unique d'obtenir la validation d'un décrêt engageant la construction d'un nouvel aéroport (空港 Kûko en Japonais), l'actuel étant saturé.
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Quittons alors Haneda pour emprunter les transports en commun ferroviaires. A Tôkyô, ils sont bien plus impressionnants qu'à Fukuoka. En particulier, les métros aériens sont remarquables. Ces derniers sont des monorails. Le Japon en compte une dizaine sur son territoire alors que la France n'a pour l'instant qu'effectuer des essais de prototypes sans jamais que ceux-ci ne soient concluants. Le système est assez simple, un mécanisme de deux essieux encadre un rail central qui guide l'automoteur avançant sur des pneus. Il faut signaler que ces pneus sont produits en grande partie par Michelin. L'alimentation électrique est fournie via le rail central. Les frottements sont fortement réduits et une douce sensation de vol nous empare alors. Ci-dessous, voici l'exemple du monorail de Tama, proche de l'université de Chûô, à l'ouest de Tôkyô.
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Sur le cliché de gauche vous apercevez les infrastructures alors que celui de droite, bien plus impressionnant, offre une vue du dessus. Cette photo a été prise, pour information, depuis la station du monorail située dans le quartier où réside Charlotte. Je suis soufflé par cette image, comme j'ai bien failli l'être en la prenant, mon téléphone n'étant pas équipé d'un zoom, j'ai quelque peu ressenti l'aspiration du train et obligé le chauffeur à presser le bouton du Klaxon, ce qui n'est pas très courant au Japon... Ce sont les risques du métier !...

Depuis Tama Center, il faut emprunter le train pour parcourir la trentaine de kilomètres qui séparent ce quartier de Tôkyô de Shinjuku, l'un des quartiers centraux de la capitale nippone. Il existe des lignes qui sont gérées par des compagnies privées. Je vais donc apporter mon avis au débat que je trouve souvent soulevé sur les éventuels bienfaits de la privatisation des chemins de fer. Il est tout à fait vrai que la ponctualité des trains est exceptionnelle ici, les services sont très performants, les employés en gare et à bord des trains arborent une tenue et un professionnalisme à toute épreuve, loin des cheminots français "grèvistes et défendant les primes au charbon" pour une grosse frange des habitants de l'hexagone. La privatisation est effective ici depuis 1987 et c'est une réussite mais les critiques acerbes oublient des détails fondamentaux de mon point de vue.
Tout d'abord, les compagnies privées possèdent ici les trains, les rails ainsi que les gares. Elles gèrent leur réseau de A à Z, de même que leur personnel, politique inapplicable en France car il faudrait construire des lignes parallèles à celles existantes pour satisfaire les nouveaux entrants sur le marché, qui, par ces coûts d'entrée, ne pourraient pas pénétrer le dit-marché, d'où le monopole naturel actuel de la SNCF. Il faudrait de même démanteler Réseau Ferré de France, devenant ainsi obsolète, qui subsite comme la dernière entité d'état dans ce domaine.
Ensuite, il faut se rendre à l'évidence que ces compagnies desservent certaines destinations, ce qui leur procure un monopole dit local. Elles se partagent le territoire afin d'assurer un service maximum aux habitants et se sont entendues au préalable sur ces implantations. Il n'est pas question de nier que les efforts entrepris par ces compagnies (réduction des coûts, réforme des modes de fonctionnement, etc...) ont relancé le transport de passagers mais on est loin de la concurrence japonaise que vantent les occidentaux. Enfin, pour clôturer cette parenthèse, le groupe JR, Japan Railways, occupe le pays via huit compagnies qui se partagent les régions du japon : JR Hokkaido, JR East, JR Central, JR Kyushu... JR occupe les secteurs non acquis par les nouvelles compagnies lors de la privatisation. Elle gère notamment le Shinkansen, dont elle loue les infrastrures et les voies. JR est un groupe de sociétés privées mais est toujours subventionné par l'Etat. Je ne crois pas qu'une telle situation est applicable en France, question de mentalité d'abord et de contexte ensuite. On verrait en France le désengagement des collectivités territoriales, notamment les conseils régionaux qui permettent la viabilité du réseau TER, dont les coûts ne seraient supportés par aucune compagnie privée, les petites lignes n'étant quasiment pas rentables. L'exemple de la privatisation anglaise en est la preuve puisque la qualité du réseau s'est nettement détériorée au contraire du Japon. Il faut noter également que les coûts de transport sont bien différents. Pour citer un seul exemple que je connais parfaitement, un billet de TGV entre Lyon et Toulouse coûte 50 euros en moyenne sans carte de réduction -qui en dehors du Japan Rail Pass pour les étrangers n'existent pas ici- pour effectuer 600 kilomètres en quatre heures. Un billet de Shinkansen entre Hakata et Tôkyô coûte 22.000 Yens, soit aujourd'hui, avec un cours du Yen fortement apprécié vis-à-vis de l'euro, 190 euros pour effectuer 1200 kilomètres en cinq heures. Le prix est multiplié par deux et demi. Si le TGV bénéficiait de politiques écologiques et territoriales honnêtes (en lieu et place des subventions aux transporteurs, aux lobbys des constructeurs automobiles et de la construction incessante d'autoroutes), il mettrait, eu égard à ses performences, environ le même temps de parcours que le Shinkansen sur une distance donnée. Cependant, mes intentions ici étant aux antipodes de la polémique, je termine ici mon monologue ; Revenons aux photos japonaises...
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Sur l'image de gauche, vous apercevez l'entrée en gare de Shinjuku d'une rame de la compagnie Keio, qui gère entre autre l'ouest de Tôkyô. La foule est compacte mais vous pouvez vous représenter le calme ambiant, les Japonais attendant en file indienne dans les espaces matérialisés au sol. Même aux heures de pointe, les bousculades sont rares et personne ne se plaint des conditions de voyage en position debout ou serré contre la paroi. Il s'agit du quotidien d'un Japonais habitant Tôkyô. il est à noter que deux wagons sont réservés aux femmes dans les rames aux heures de pointe, ceci afin d'éviter des désagréments qui avaient tendance à s'amplifier. Shinjuku est la plus grande gare du monde, une vraie fourmilière fréquentée par plus de 3.7 millions de passagers par jour. Existent pas moins de 200 sorties à ce noeud essentiel du réseau tokyoïte où une douzaine de lignes différentes se rejoignent.
Le Japon restant un pays extrêmement surprenant, le cliché de droite présente le train qui effectue les liaisons entre les cités de la côte de Kamakura. En bois, bruyant, il déclenche l'abaissement de barrières d'un autre âge aux passages à niveaux et serpente entre des maisons relativement anciennes. La jonction de l'ancien et du moderne est présente jusque dans les transports en commun.

Concernant Fukuoka, je souhaite vous parler des taxis. Les tarifs du métro étant élevés, les cabs jouissent d'une popularité importante. Ils sont très nombreux et concurrencent fortement les transports en commun classiques. Je vous présente, pour commencer, les bus de Fukuoka, ici devant Ohori Kôen à gauche et à Tenjin à droite.
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Ces derniers sont assez anciens. Les taxis sont globalement âgés eux aussi. Loin des Mercedes ou des voitures de luxe qui rivalisent sur ce marché en France, les taxis ici sont assez sobres. Les marques japonaises sont ultra majoritaires : Nissan, abréviation de "Nihon no sanbutsu" (signifiant littéralement "produit du Japon"), Toyota et Mitsubishi, qui portent quant à elles les noms de leur fondateur.  Je n'ai aperçu ici que quelques Peugeot 206 et des Renault Scénic concernant les françaises. Les chauffeurs de taxi sont étonnants : ils s'endorment moteur allumé, prêts à bondir si un client prend place sur les sièges tapissés d'une housse blanche. Les portes s'ouvrent et se ferment automatiquement, ce qui nécessite une certaine adaptation et provoque quelques frayeurs. Ils sont tellement à l'affût, dans leurs tacots noirs, blancs, jaunes qu'ils n'hésitent pas à s'arrêter à hauteur des piétons en ouvrant délibéremment les portières.
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Voici des exemples de taxis devant Canal City à gauche et devant la gare de Hakata, à droite. Alors que j'ai adopté le vélo pour mes déplacements dans Fukuoka, je me suis rendu pour la première fois depuis novembre à Hakata. Le signe peut-être que ces trains, que je fuis autant qu'ils m'attirent et que j'évoque avec autant d'attachement que de velléités, me manquent... Je n'ai pas fini de me balader...

Publié dans Transports japonais

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R
En ce qui concerne l'Angleterre, le tarif du train est exhorbitant car géré par des compagnies privées, de plus ces dernières utilisent les voies ferrées nationales, elles ne possèdent pas les rails!!!
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